Quand Beethoven rencontre celle qu'il appellera "Elise"
26/01/2016
Le romantisme s'exprime dans différents domaines artistiques notamment en musique. En effet ce courant à pout but d'exprimer ses états d'âme ou encore l'expression des sentiments qui touchera aussi bien la musique instrumentale que l'art lyrique et vocal. Les sonorités romantique sont particulièrement noire ou encore lumineuse. « La Lettre à Élise » (Für Elise) est une pièce musicale pour piano composée par Ludwig van Beethoven en 1810.
La Lettre à Elise composée par Beethoven demeure avec La marche turque de Mozart une référence dans l'apprentissage du piano classique. Il suffit d'écouter les premières notes pour qu'on la reconnaisse aussitôt. Ni redoutée, ni diabolisée, la petite pièce pour piano continue d'être jouée par de nombreux 'pianistes en herbe' sans que rien ne semble vouloir la détrôner de son piédestal.
Une facilité trompeuse :
Trop souvent, des œuvres comme Le Beau Danube Bleu de Strauss ou Rêve D'amour de Liszt sont détournées en étant simplifiées ou alors massacrées par manque de technique ou de recul. La marche turque de Mozart n'y échappe pas non plus. Cette courte pièce pour piano, gaie et entraînante, brillante et enflammée, est bel et bien une pièce difficile à maîtriser. Son tempo enlevé produisent au final un assortiment de techniques demandant des doigts avant tout agiles et robustes.
Sous son apparence romantique, La lettre à Elise recèle également de nombreux pièges qu'il est bon d'éviter. Contrairement à une idée trop répandue l'œuvre n'est pas facile. Le début et la fin du morceau, ne doivent pas faire oublier l'importance des nuances et des respirations rythmiques. Pour un(e) pianiste débutant(e) ce sont ces subtilités de jeu qui pourraient rendre l'interprétation trop mécanique et finalement lassante. Quant à la partie centrale, un peu plus technique, elle présente une rupture avec le ton général du début et doit être jouée avec plus de détermination et de précision rythmique. N'oublions pas non plus le retour à la mélodie principale qui peut devenir sous son apparente facilité un écueil, surtout si elle est abordée avec trop de précipitation. La lettre à Elise demande beaucoup de retenue.
Appartenant au Panthéon de la littérature pianistique, il arrive parfois de l'entendre lors d'un concert. De jeunes pianistes la mettent à leur programme à l'occasion d'un concours ou lors d'un examen en fin d'année scolaire.Il existe ainsi de nombreuses versions à l'interprétation inégale ou parfois fantaisiste.
Dès les premières notes, l’oeuvre La lettre à Elise renvoie avant tout une image enfantine par sa tonalité musicale. Pourtant, comme pour tant d'autres œuvres classiques, La lettre à Elise n'échappe pas à la règle et demande une certaine maturité musicale si l'on souhaite que son interprétation soit correcte.
La lettre à Elise, une oeuvre populaire :
Tout le monde connaît ces célèbres notes. Mi-ré-mi-ré-mi… Pour certain le souvenir d’une sonnerie de portable ou d’une musique d’attente. Pour d’autres une madeleine de Proust, une image de l’enfance au moment des premiers cours de piano.
Le morceau, composé en 1810, 9 ans avant la surdité complète du compositeur, était à la base dédié à une certaine « Thérèse ». A la mort de Beethoven, on retrouve cette partition. Mais la dédicace est illisible et Thérèse devient Élise, l’imprimeur n’étant uniquement certain que des deux dernières lettres. La Lettre à Élise ne sera publiée qu’en 1867, 40 ans après le décès de Beethoven, et 57 ans après sa composition.
La simplicité, la légèreté et la fraîcheur de l’œuvre en font un incontournable du piano. En 3 minutes Beethoven nous plonge dans une ambiance sentimentale, agréable. On a envie de passer l’après-midi dans une maison de campagne, au bord d’une rivière, la fenêtre ouverte et d’avoir le regard vague, l’esprit envolé. Le souvenir d’une femme aimée a dicté cette mélodie, comment y rester insensible ?
La destinée de La lettre à Elise semble donc sans faille. L'œuvre semble suspendue dans le temps en conservant toutes ses lettres de noblesses. Les notes sont légères comme une plume, juste pour se jouer de nous. Ce qui retient l'attention, c'est cette mélodie naïve, d'une fraîcheur quasi enfantine, cet enrobage de délicatesse et de retenue jamais érodé par les assauts du temps. Sa ritournelle mélodique, au lieu de devenir terne et ennuyeuse, a trouvé refuge dans le cœur de ses interprètes. La mélodie intemporelle est juste passée de mains en mains, comme un testament éternel.
Il en est souvent ainsi des œuvres populaires : avec le temps, les défauts s'effacent et la rêverie s'installe. En écoutant La lettre à Elise, on imagine cette jeune fille d'autrefois, de bonne famille, sagement installée devant son piano et jouant pour ses parents ou pour ses amis, suivant à la lettre comme à la note près les préceptes d'une éducation musicale bien établie.
Pourtant au départ, rien ne prédestinait La lettre à Elise à devenir aussi célèbre. L'histoire raconte que le séducteur Ludwig Van Beethoven apaisa pour un temps son éternelle soif d'amour dans les bras d'une de ses élèves, Theresa Malfatti, et que c'est elle qui fut l'inspiratrice de la célèbre mélodie.
La lettre à Elise serait-elle alors l'aboutissement d'une alchimie sonore mêlant inspiration et sentiments amoureux ? Cette dédicace enflammée d'un autre temps posséderait-elle un secret que seul son auteur connaît ? Peut-être bien. La musique a toujours vécu de cohabitation parfois heureuse ou parfois malheureuse. La délicatesse des phrases, leurs répétitions, sont peut-être les marques d'une certaine pudeur, d'une certaine retenue qui ne dévoile jamais tous ses secrets comme pour mieux garder sa part de mystère.
Ludwig Van Beethoven, un classique ou un romantique ?
Compositeur inclassable, Ludwig Van Beethoven a rencontré Mozart, Goethe, Haydn qui dira de lui que c’est « un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes« . Angoissé par la mort, grand frère attentionné, amoureux éconduit, il finira sa vie totalement sourd. Ses œuvres sont puissantes, tendres, simples et compliquées. Le piano prend chez Beethoven une dimension extraordinaire qu’il s’agisse de décrire une tempête, une passion amoureuse ou de rendre hommage à un Empereur…
La musique romantique désigne un type de musique qui domine en Europe tout au long du xixe. Ce courant musical aux formes variées qui met au premier plan l'expression de l'émotion s'inscrit dans le mouvement esthétique européen du romantisme. Les sonorités inventées par les romantiques sont particulièrement colorées et évocatrices, davantage en tout cas que chez des classiques comme Joseph Haydn ou Wolfgang Amadeus Mozart.
À la jonction de ces deux courants se situe la puissante personnalité de Ludwig van Beethoven, dont les premières œuvres se rattachent à l'esthétique classique tandis que celles de sa maturité sont considérées comme le début du romantisme musical.
C’est à juste titre, que les historiens du romantisme musical nomment en tout premier lieu Weber, Schubert et Beethoven : en eux s’incarnent à des degrés divers les différents genres cultivés par les compositeurs romantiques. Parmi ces genres, Ludwig van Beethoven va porter la symphonie
au plus haut degré pour en faire la forme musical la plus prestigieuse à laquelle se consacrent de nombreux compositeurs.
Il est donc permis de considérer Ludwig van Beethoven comme l’un des derniers classiques par la forme et de voir en lui l’un des premiers romantiques par la mise en valeur de l’idée, car, chez lui, la musique prend figure de message.